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Et puis un matin

"Et puis un matin, on découvre qu'ils sont là.
Beaucoup les appellent les jeunes.
S'ils sèchent les cours, on dira qu'ils sont lycéens, voire collégiens.
On dit assez peu souvent écoliers, et quelques-uns préfèrent sauvageons à étudiants.

Et ce matin ils sont là, et c'est vrai qu'ils sont jeunes.
Je n'ai pas l'habitude et eux non plus, je crois.
Les CRS ne sont pas en tenue de combat : - ce sont presque des enfants, ce sont presque nos enfants.
L'affaire démarre doucement, ils sont quelques-uns à arriver devant la mairie, sans excès, avec un mélange de timidité, d'étonnement et d'assurance.
Ce que l'on ne réalise pas tout de suite, c'est qu'ils continuent d'arriver, sans les profs, par la place du marché, en rangs clairsemés, comme des copains qui changeraient de crémerie.
Et la manifestation s'installe, parce que ce courant, arrivé devant la mairie, ne s'écoule pas.
On ne comprend pas tout de suite qu'ils sont nombreux, très nombreux, qu'ils forment une foule compacte, organisée et solidaire.
On ne comprend pas tout de suite que la manifestation est réussie, impressionnante et majestueuse.
On ne comprend pas tout de suite qu'ils n'ont pas vingt ans.
Je suis abasourdi.
Je ne les ai pas revus."
Fernand - Place de l'Hotel de Ville, jeudi 25 avril 2002 -
 
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